L’objectif de cet article est de vous familiariser avec « l’indice inflammatoire alimentaire » ou « IIA », qui permet de connaître l’impact de notre alimentation sur l’inflammation. Je vais donc m’appuyer sur une étude de 2019 pour vous aider à appréhender cette notion.

1. L’évolution des données scientifiques

La littérature sur le rôle de l’inflammation dans la santé a connu une croissance très importante au cours des dernières décennies. Ce qui est intéressant, c’est que l’accent a été mis sur le rôle de l’alimentation dans la modulation de l’inflammation. L’indice inflammatoire alimentaire (IIA) a été mis au point pour fournir un moyen quantitatif d’évaluer le rôle de l’alimentation sur la santé, en évaluant différents paramètres, allant de la concentration sanguine en cytokines inflammatoires aux maladies chroniques. L’IIA est basé sur de nombreuses données scientifiques allant de la culture cellulaire, aux études d’observation et expérimentales chez l’homme. L’IIA a été conçu pour être universellement applicable à toutes les études chez l’homme avec une évaluation diététique adéquate. Au cours des quatre dernières années, l’IIA a été utilisé dans plus de 200 études et constitue la base de 12 méta-analyses. Au cours de ce travail de recherche, des enseignements ont été tirés en ce qui concerne les problèmes méthodologiques présents dans les études précédentes. Ce qui signifie que des améliorations ont été apportées à l’algorithme d’origine.

2. La naissance de l’indice inflammatoire

L’augmentation rapide de la compréhension du rôle de l’inflammation dans la santé, notamment via l’alimentation, a conduit au développement de l’IIA, qui a débuté en 2004.

La première version de la DII a été lancée en 2009. Elle reposait sur la notation de 927 articles publiés dans la littérature biomédicale jusqu’en 2007, liant l’alimentation à l’augmentation de biomarqueurs inflammatoires : IL-1β, IL-4, IL-6, IL10, TNF-α et la CRP.

A la suite de sa création, aucune étude n’a été publiée par la suite sur cette ancienne version du DII par ses développeurs d’origine.

Bien que l’IIA d’origine représente le développement réussi d’un index dérivé de la littérature pouvant être appliqué universellement à une grande variété d’études humaines, la seconde version a été améliorée. L’élaboration du nouvel IIA repose sur la connaissance des limites de l’IIA d’origine, à savoir :

  • Les quantités de consommation des aliments doivent être plus précises et correctement associées aux scores d’inflammation.
  • La prise en compte des nouvelles données scientifiques liant l’inflammation et le régime alimentaire.
  • Les flavonoïdes, en tant que modulateurs importants de l’inflammation systémique, doivent être inclus dans l’algorithme de notation.
  • Il faut inverser le système de notation, avec des scores négatifs pour les aliments anti-inflammatoires et des scores positifs pour les aliments pro-inflammatoires.
  • Une variante de l’IIA a été réalisée pour les enfants, population particulière où les algorithmes de calculs doivent être adaptés. Pour les auteurs, il faudrait autant de déclinaisons que de cas particuliers.

3. Améliorations méthodologiques apportées au nouvel indice inflammatoire alimentaire

3.1 Une augmentation des données scientifiques

Le nouvel IIA reflète l’accumulation de 3 années supplémentaires de données probantes (c’est-à-dire jusqu’en 2010). En seulement 3 ans, la taille totale de la littérature a légèrement plus que doublé, pour atteindre 1943 articles. Bien que cela ait abouti à une estimation plus robuste, il n’y a pas eu de surprise majeure.

C’est-à-dire que rien qui n’était qualifié de pro-inflammatoire n’a été anti-inflammatoire et inversement. Ce qui permet d’avoir une cohérence dans la littérature.

À ce jour, 12 méta-analyses basées sur l’IIA ont été publiées.

3.2 Une amélioration de l’indice inflammatoire alimentaire

Conscients de l’importance des flavonoïdes dans le contrôle de l’inflammation, les chercheurs ont ajouté 16 flavonoïdes différents, regroupés en 6 catégories (anthocyanidines, flavan-3-ols, flavonols, flavonones, isoflavones et flavones) à la liste des aliments.

Par ailleurs, l’algorithme de notation DII a été inversé, de sorte que plus l’aliment est anti-inflammatoire plus le score est négatif et plus l’aliment est pro-inflammatoire plus le score est positif.

Contrairement à la DII originale, la nouvelle version révisée a rapidement gagné en popularité en tant qu’outil de recherche pour l’étude de l’inflammation associée à un régime et des résultats pour la santé. Cela a abouti à plus de 160 articles en 4 ans à compter de la publication officielle des méthodes.

4. Informations supplémentaires basées sur le travail collaboratif

Au cours des dernières années, les scientifiques ont beaucoup appris sur les différences de consommation alimentaire, en ce qui concerne l’inflammation, chez une grande variété de populations :

  • Sur les hommes et les femmes
  • Sur une grande variété d’âge
  • Sur des personnes de tailles différentes
  • Sur des personnes ayant une activité physiques variées ou étant sédentaire
  • Dans plus de 30 pays, représentant une grande variété de cultures de différentes régions du monde.
  • Sur différentes pathologies : les cancers de différents sites anatomiques, les maladies cardiovasculaires, la dépression et d’autres troubles mentaux.
  • Sur la santé de manière générale, la santé maternelle et infantile et le vieillissement

5. La relation entre Index glycémique et Indice inflammatoire alimentaire

Dans une étude de 2018 menée auprès de 100 étudiants en Louisiane, les scores DII étaient positivement corrélés au score d’indice glycémique, bien que la corrélation soit modeste. En outre, il est également connu que la réponse glycémique est comprise dans un grand nombre de facteurs qui déterminent l’inflammation systémique chronique.

En effet, un régime alimentaire avec des glucides de mauvaise qualité, à index glycémique élevé, augmente le sucre sanguin de manière importante, ce qui conduit à la production de monoxyde d’azote, qui va être transformé en un radical libre appelé superoxyde. L’association entre le monoxyde d’azote et le superoxyde donne naissance au peroxynitrite, un puissant oxydant. Ainsi, un régime à index glycémique élevé contribue au stress oxydant et à l’inflammation via l’augmentation de l’IL-6 et du TNF-alpha.

Par ailleurs, une alimentation avec des glucides à index glycémique bas, contient des fruits et légumes, des légumineuses, des produits moins transformés ou non transformés, riches en fibres, vitamines, minéraux, oligo-éléments, antioxydants…

Conclusion

Enfin, bien que l’alimentation soit sans aucun doute un important modulateur de l’inflammation, elle n’est en aucun cas la seule. Les autres indices, y compris l’activité physique et le stress, devraient être dérivés à l’aide de méthodes similaires. Si ceux-ci pouvaient être intégrés à la DII, cela pourrait ouvrir une nouvelle ère de recherche en épidémiologie nutritionnelle et en promotion de la santé.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Hébert JR, Shivappa N, Wirth MD, Hussey JR, Hurley TG.Perspective: The Dietary Inflammatory Index (DII)-Lessons Learned, Improvements Made, and Future Directions. Adv Nutr. 2019 Mar 1;10(2):185-195.

[2]Kim Y, Chen J, Wirth MD, Shivappa N, Hebert JR. Lower Dietary Inflammatory Index scores are associated with lower glycemic index scores among college students. Nutrients 2018;10(2):E182.

 

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