Les nutriments, apportés par l’alimentation, sont nécessaires pour le bon fonctionnement des cellules et le bon déroulement des processus physiologiques de l’organisme. Cependant, il existe aussi des éléments, appelés antinutriments. Ils sont présents à des degrés divers en fonction du type d’aliment et de la méthode de préparation, et ils vont affecter l’absorption et la biodisponibilité des nutriments. En effet, les anti-nutriments sont des molécules naturelles ou synthétiques qui interfèrent avec l’absorption et la biodisponibilité des nutriments.
Dans des articles précédents je vous ai déjà parlé des antinutriments, en vous conseillant notamment de minimiser leur apport. Aujourd’hui, je vais vous apporter une version plus nuancée en vous expliquant comment certains antinutriments peuvent être bénéfiques pour votre santé. Pour cela, je vais vous présenter une étude publiée en 2019, qui analyse 158 études sur l’acide phytique et son impact sur différentes pathologies.
1. L’acide phytique
L’acide phytique (AP) est une substance naturelle trouvée dans les graines de plantes. C’est une forme de phosphore que l’on retrouve dans presque toutes les plantes comestibles comme les céréales, les oléagineux et les légumineuses. Il ne se trouve que dans les aliments d’origine végétale et existe principalement sous la forme de sel (ester phosphate d’inositol ou polyphosphate d’inositol) où il représente environ 60 à 70 % du phosphore végétal total. La composition de l’AP varie selon les plantes et des espèces végétales. La variabilité de la composition de l’AP dépend de certains facteurs tels que : les conditions de croissance, les techniques de récolte et de transformation ainsi que de l’âge au moment de la récolte.
La structure moléculaire de l’AP a été présentée en 1914, sous la forme de myo-inositol-1,2,3,4,5,6-hexakisphosphate [Photo]. Depuis, il fait l’objet d’une attention considérable en raison de ses effets sur l’absorption des minéraux. En effet, il a une très forte affinité de liaison avec certains minéraux alimentaires (calcium, fer, zinc) dont il va altérer l’absorption et favoriser les carences.
L’AP affecte l’absorption intestinale et la biodisponibilité de certains minéraux vitaux comme le calcium, le magnésium, le fer et le zinc nécessaires à la chimie de base de la vie.
Structure de l’acide phytique :
2. L’apport en acide phytique
Une consommation différente en fonction des pays :
Les apports estimés en AP dans les pays en développement sont bien plus élevés que les apports dans les pays développés. Par exemple, le Ghana et le Nigéria ont un apport estimé en AP de 1 800 et 2 100 mg / jour respectivement, contre 200 et 750 mg / jour respectivement au Royaume-Uni et aux États-Unis.
On peut noter que le riz qui est un aliment de base, parmi les plus fréquemment consommés, en particulier dans les pays en développement, contient beaucoup d’AP avec, pour le riz malaisien entre 36.40 à 91.52 mg / 100 g, et pour le riz indien environ 66.40 mg / 100, tandis qu’ils contiennent très peu de micronutriments.
Une augmentation de la concentration en acide phytique :
Par ailleurs, la quantité d’AP dans les aliments devrait augmenter en raison du changement climatique et pourrait encore épuiser certains minéraux essentiels dans le grain de riz.
De plus, la pratique qui consiste à enrichir la fertilité du sol par des produits chimiques contenant du phosphore pour améliorer la croissance des plantes peut contribuer à l’augmentation de la présence d’AP dans les plantes. Il a été rapporté que lorsque du phosphore provenant de sources exogènes telles que des engrais est appliqué sur les sols, les racines des plantes le capture principalement sous forme de phosphate qui va subir ensuite des réactions (de type estérification) augmentant encore le pouvoir antinutritionnel des plantes traitées. Ainsi, l’utilisation d’engrais (notamment NPK), pour enrichir les nutriments du sol peut en partie contribuer aux carences en micronutriments, et conduire à des problèmes nutritionnels propre aux pays sous-développés et en développement.
3. Le cycle de l’acide phytique
L’AP, contrairement à d’autres antinutriments, peut être dégradé, ce qui va produire du phosphate inorganique qui peut à son tour être utilisé pour resynthétiser de l’AP. À partir de l’illustration schématique, le point marqué 1 décrit le mouvement de l’AP à travers la biosphère et la lithosphère, c’est-à-dire à travers les plantes, les animaux et le sol. Dans les plantes, l’AP est synthétisé dans une plus large mesure, selon les plantes, et s’accumule surtout dans les graines de plantes, où il sert de principale forme de stockage du phosphore.
Au point marqué 2, les animaux, y compris les humains, se nourrissent des plantes, ingérant ainsi de l’AP. Le sort métabolique de l’AP ingéré dépend du type d’animal (monogastrique ou ruminant). Chez les ruminants, l’ingestion d’AP peut être efficacement utilisée, en raison de la présence de phytase (myo-inositol hexakis phosphohy-drolases). La phytase rompt la liaison inositol-phosphate, libérant ainsi le phosphate inorganique de l’acide organique phytique. Ainsi, chez les ruminants, l’ingestion d’AP fournit la majeure partie du phosphore nécessaire à leur croissance. Les animaux monogastriques (comme les humains), d’autre part, manquent de l’enzyme digestive, la phytase, requise pour hydrolyser l’AP. Ainsi, la majeure partie de l’AP ingérés ne sont pas absorbés, mais liés à certains minéraux essentiels comme : le zinc, le calcium, le magnésium et le fer pour n’en citer que quelques-uns.
Le point marqué 3, indique que les phytates non absorbés traversent le tractus gastro-intestinal et sont excrétés. Les déchets humains et animaux sont généralement ou finalement déposés dans le sol.
Le point marqué 4 indique que le phosphore organique dans les déchets excrétés ne peut pas être utilisé par les plantes. Cependant, certains micro-organismes du sol possèdent des phytases, capables de catalyser l’hydrolyse des phytates indigestes, pour libérer du phosphore inorganique. Il existe plusieurs espèces de micro-organismes qui possèdent de la phytase, mais le Bacillus et l’Aspergillus sont hautement spécifiques pour l’hydrolyse de l’AP.
Le point marqué 5 indique que le phosphore inorganique est bien utilisé par les plantes. Ainsi, les plantes captent le phosphate inorganique libéré dans le sol pour la synthèse de l’AP, une molécule nécessaire à la croissance et au développement des plantes.
Schéma représentant le cycle de l’acide phytique :
4. Les effets de l’acide phytique sur les minéraux
L’AP altère l’absorption du calcium, du fer et du zinc et peut favoriser les carences en minéraux. En effet, il a la capacité de se lier à deux minéraux ou plus à la fois. Cela est dû à la présence de six groupes phosphates chargés négativement (au pH physiologique), qui lui permettent de former des complexes stables avec au moins deux métaux chargés positivement.
Pour que l’AP provoque une carence en minéraux, cela dépend du rapport molaire de l’acide phytique sur celui des minéraux. Ce rapport molaire entre AP et Ca, Fe et Zn peut fournir un outil utile pour estimer la biodisponibilité des minéraux.
On peut le calculer avec la formule :
Le résultat obtenu doit ensuite être comparé au ratio molaire de l’AP / minéral. Des niveaux inférieurs aux niveaux critiques ne suggèrent aucun effet sur l’absorption et la biodisponibilité minérales, tandis que des niveaux supérieurs aux niveaux critiques suggèrent que l’AP peut provoquer des carences en minéraux.
Tableau des niveaux critiques :
Le calcium et l’acide phytique :
Le calcium (Ca) est l’un des nutriments essentiels affectés par l’AP. La quantité d’AP et de calcium (rapport AP / Ca) définit la capacité de la liaison entre les deux. Par exemple, les aliments pauvres en AP peuvent avoir peu ou pas d’influence sur le calcium, en particulier dans un aliment riche en calcium. Il a été montré que l’inclusion de calcium dans un régime pauvre en calcium atténue l’efficacité de la liaison à l’AP. L’influence négative de l’AP sur le calcium peut être nutritionnellement défavorable, mais présente certains avantages pour la santé.
En effet, il semblerait que l’acide phytique a plus d’affinité pour le calcium que l’oxalate (un autre antinutriment), donc sa présence empêche la cristallisation du calcium et de l’oxalate, qui s’est révélé contribuer à la formation de calculs rénaux. Il a été prouvé qu’un rapport plus élevé de AP / Ca est suffisant pour prévenir la formation d’un complexe entre l’oxalate et le calcium (formant de l’oxalate de calcium) pouvant mené par la suite à une lithiase urinaire.
A savoir : La capacité de liaison de l’acide phytique au calcium dépend du pH.
Le fer et l’acide phytique :
L’AP diminue la biodisponibilité du fer par des mécanismes similaires à ceux de la desferrioxamine. La desferrioxamine est utilisée pour éliminer physiologiquement le fer lorsqu’il au-delà présent en trop grand quantité dans l’organisme. L’altération de la biodisponibilité du fer due à l’AP peut contribuer à une anémie par carence en fer, qui est « un défi nutritionnel très grave à l’échelle mondiale». Elle se caractérise par un défaut de synthèse de l’hémoglobine. Environ deux milliards de personnes souffrent d’anémie. Les causes de l’anémie sont multifactorielles, mais le principal contributeur est la carence en fer. De plus, le fer d’origine végétale est mal absorbé. Cependant, la bio-fortification des aliments à base de plantes avec du fer et la consommation d’aliments riches en vitamine C améliorent la biodisponibilité du Fe non héminique.
La chélation du fer par l’AP a une importance bénéfique, en particulier dans un état de stress oxydatif. En effet, au pH physiologique, l’AP forme un complexent avec le fer Fe et peut contrecarrer la peroxydation lipidique qu’il induit. Il a été prouvé que la consommation d’aliments contenant 1 % d’AP épuise le statut en fer au niveau cérébral des rats albinos. L’appauvrissement du fer du cerveau protégerait et maintiendrait sans aucun doute l’intégrité cérébrale.
Le magnésium et l’acide phytique :
Le magnésium (Mg) est un élément d’une grande importance biologique. En effet, plus de trois cents processus métaboliques dépendent du magnésium comme cofacteur, en particulier des processus impliquant des macromolécules (glucides, métabolisme des protéines et des lipides…). L’effet négatif de l’AP sur la biodisponibilité du magnésium n’est en aucun cas exceptionnel. Il a été démontré que l’inclusion d’AP dans les aliments diminue l’absorption de magnésium chez l’homme, ce qui peut affecter plusieurs de ses fonctions métaboliques. Cependant, l’influence de l’AP sur l’absorption du magnésium est déterminée par la quantité de magnésium. Par exemple, une étude a révélé que la faible teneur en magnésium d’un régime est affectée par la présence d’AP, suggérant que l’AP peut présenter un pouvoir antinutritionnel, si les nutriments ne sont pas suffisamment présents.
Le zinc et l’acide phytique :
Parmi les minéraux essentiels chélatés par l’AP, le zinc forme avec lui, le complexe le plus stable. Il s’agit donc probablement du minéral le plus affecté en termes de biodisponibilité. Une étude a également révélé qu’un tiers de la population mondiale est affectée par une carence en zinc, dont l’AP est en partie responsable.
Représentation du complexe acide phytique / minéraux :
5. Les effets thérapeutiques de l’acide phytique
L’AP est un antinutriment unique, car il possède aussi des propriétés médicinales. Jusqu’à ce jour, l’AP a toujours été perçu comme une menace pour la biodisponibilité des nutriments. En effet, il a été démontré que la réduction de l’AP dans les aliments par des techniques simples, pratiques et peu coûteuses telles que le trempage, la germination, le maltage et la fermentation améliore la biodisponibilité des nutriments.
Cependant, il faut savoir que la plupart des sources alimentaires contenant de l’AP ne sont généralement pas consommées sous leur forme brute, mais subissent des méthodes simples de transformations (comme le trempage ou la cuisson) avant la consommation. Ainsi, le contenu en AP dans les aliments non transformés ne reflète pas l’AP réellement consommé. Il faut donc évaluer la quantité d’AP dans les aliments prêts consommer plutôt que sur la quantité dans les aliments crus.
Il a été montré que le trempage du soja favorise la réduction de l’AP, améliorant ainsi la biodisponibilité des nutriments. Cela implique que le trempage des aliments contenant de l’AP est nécessaire, en particulier pour les personnes ayant un apport minéral faible. Cependant, dans cette même étude, la cuisson n’a pas favorisé une nouvelle réduction l’AP du soja. Bien que la raison de cela reste obscure, cependant, il a été signalé que la cuisson à réduit considérablement la teneur en AP dans le niébé et que le trempage avant la cuisson était plus efficace pour diminuer la quantité d’AP.
En dehors des processus simple que l’on vient de voire, on peut aussi inclure une enzyme, la phytase (myo-inositol hexakisphosphate phospho-hydrolase), qui joue un rôle essentiel dans la réduction de l’AP et l’amélioration de la biodisponibilité des minéraux. La phytase catalyse également l’hydrolyse de l’AP.
A savoir : L’inclusion de phytase est nécessaire, en particulier chez les animaux phytase-déficients (animaux monogastriques).
Chez l’Homme, les végétariens et les végétaliens, possèdent parfois une adaptation du microbiote intestinal qui peut produire des phytases. Il est donc difficile de déterminer précisément le rôle antinutritionnel de l’AP chez les végétariens et les végétaliens.
A savoir : La composition des régimes alimentaires détermine parfois le devenir métabolique de l’AP.
Représentation schématique des différents effets bénéfiques de l’acide phytique :
6. Le rôle antioxydant de l’acide phytique
Les antioxydants sont des molécules naturelles ou synthétiques qui inhibent l’oxydation et empêchent par la suite les dommages cellulaires. Ces dommages sont principalement causés par la bio-accumulation de radicaux libres, générés en particulier lors d’une altération du métabolisme de l’oxygène. L’apport d’oxygène est nécessaire pour l’organisme vivant, préférentiellement pour la libération d’énergie. Cependant, certains facteurs exogènes, comme le tabagisme, l’exposition à des substances toxiques, et dans une moindre mesure, des facteurs endogènes comme l’explosion oxydative vont interférer avec le métabolisme de l’oxygène et augmenter la production de radicaux libres.
L’acide phytique, est un antioxydant naturel des plantes qui inhibe la formation de radicaux hydroxyles (OH) catalysés par le fer. Par exemple, une étude a confirmé que l’AP inhibe l’auto-oxydation de l’acide linoléique et la peroxydation lipidique induite par l’oxyde de fer et l’ ascorbate dans les cellules épithéliales du colon chez l’Homme. Il agit également comme un puissant inhibiteur de la formation de radicaux libres catalysée par le fer en le chélatant quand il est sous forme libre et en inhibant son site de coordination. Il permet aussi de réduire les effets secondaires de certains médicaments qui augmentent le stress oxydatif grâce à son rôle antioxydant.
En plus du rôle protecteur de l’AP contre le stress oxydatif induit par les agents chimiques (médicaments), il peut également atténuer le stress oxydant induit par des toxines, comme la mycotoxine : aflatoxine B1. En effet, l’intoxication par l’AFB1 diminue de façon délétère les activités totales des thiols testiculaires, du glutathion, de la peroxidase totale et de la superoxyde dismutase, qui augmentent par la suite lors du traitement par l’AP. Quelle que soit la cause, le stress oxydatif peut évoluer vers des pathologies telles que : les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson…), les maladies cardiovasculaires, le cancer, le diabète…
7. Le rôle de l’acide phytique dans les maladies
La maladie d’Alzheimer :
La maladie d’Alzheimer est un trouble neurodégénératif progressif caractérisé par un déclin cognitif progressif. L’accumulation de peptide-béta-amyloïde (Abéta) dans le cerveau a été impliquée dans la pathogenèse de cette maladie. Sa prévalence est plus élevée dans la société occidentale. Par exemple, environ 5,7 millions d’Américains en souffrent, et ce nombre pourrait atteindre 13,8 millions dans un avenir proche. Alors qu’en Afrique, le taux est plus faible. Étant donné que la maladie d’Alzheimer ne guérit pas efficacement, l’intervention alimentaire pourrait donc jouer un rôle dans sa prévention.
Dans un rapport, il a été émis l’hypothèse que les grains de riz contiennent un composant comme l’AP capable de prévenir l’accumulation d’Abéta dans le cerveau. Selon ce rapport, Abéta est excisé de la protéine précurseur bêta-amyloïde par clivage séquentiel par la protéase b aspartique-sécrétase 1 et la g-sécrétase. L’inhibition de ces enzymes pourrait donc être une cible logique pour la prévention de cette maladie. L’étude a également révélé que l’AP contenu dans le riz, inhibe de manière significative la production d’Abéta dans les cellules de neurobalstome, sans nuire aux cellules normales, suggérant que l’AP est un agent thérapeutique puissant et plus sûr pour prévenir la maladie d’Alzheimer.
Pour aller plus loin :
Le rôle protecteur de l’AP contre l’accumulation d’Abéta dans les cellules MC65 et le modèle de souris Tg2576. Leurs résultats ont démontré que l’AP (100 mM) a un effet neuroprotecteur dans un modèle de culture cellulaire (MC65), et le traitement avec la même concentration (100 mM) d’AP a fourni une protection complète contre l’Abéta cytotoxicité en réduisant le niveau de peroxyde d’hydrogène.
La maladie de Parkinson :
La maladie de Parkinson se caractérise par une dégradation sélective des neurones dopaminergiques de la substance noire. Il s’agit du deuxième trouble neurodégénératif après la maladie d’Alzheimer. Les causes de cette maladie peuvent être multifactorielles, cependant, une accumulation excessive de fer dans le cerveau y est associée.
Des études ont impliqué une accumulation d’excès de fer dans le cerveau des patients atteints. Ainsi, la réduction de la charge cérébrale en fer pourrait être un remède logique. Les effets protecteurs de l’AP sur la neurodégénérescence induite par le 1-méthyl-4-phénylpyridinium (MPP) dans un milieu de culture cellulaire. Dans les études, le MPP a été utilisé pour induire un stress oxydatif et une apoptose dans le milieu de culture. Les résultats ont révélé une protection significative avec 30 mM d’AP contre la neurotoxicité induite par le MPP. Par implication, une dose plus élevée d’AP peut être nécessaire pour offrir une protection complète contre l’apoptose cellulaire induite par le MPP dans le cas d’un excès de fer.
De plus, les effets protecteurs de l’AP contre l’apoptose induite par la 6-hydroxydopamine (6-OHDA) dans un état de fer normal et en excès d’un modèle de culture cellulaire a aussi été étudié. Les résultats ont révélé que l’AP offre une protection contre l’apoptose cellulaire induite par le 6-OHDA dans le cas d’un excès de fer. Cependant, il n’est pas clair si l’accumulation de fer dans le cerveau est la cause ou un effet de la pathogenèse. Bien que l’utilisation de chélateurs fer dans le traitement de ralentisse la progression de la maladie de Parkinson.
Le diabète de type 2 :
Le diabète de type 2 est un trouble du métabolisme des glucides caractérisé par la présence d’hyperglycémie, soit en raison d’une sécrétion d’insuline défectueuse, d’une action insulinique défectueuse ou des deux. Il s’agit d’un trouble métabolique grave et compliqué, qui affecte toutes les ethnies indépendamment de l’âge, du sexe et / ou du statut économique et social. Bien qu’il s’agisse d’un trouble compliqué, le contrôle glycémique efficace par l’AP joue un rôle essentiel dans la gestion du diabète.
Les aliments contenant un pourcentage raisonnable (0.72 g à 1.05 g / 100g) d’AP peuvent contribuer à la gestion du diabète de type 2. Ces aliments peuvent donc être responsables de l’amélioration de la santé des personnes atteintes de diabète. La consommation d’aliments riches en AP ralentit le taux de digestion des glucides, ce qui peut à son tour retarder l’apparition du diabète et de l’hyperlipidémie. L’AP possède, comme on l’a vu précédemment, une facilité à se lier aux métaux de transition et pourrait être utilisé dans la prévention, la gestion ou le traitement de la glycation des protéines catalysée par les métaux, qui contribue aux maladies liées au diabète.
Par exemple, un essai randomisé mené pour étudier l’impact de l’AP sur la glycation des protéines chez les patients atteints de diabète de type 2 a montré que la consommation quotidienne d’AP inhibe la glycation des protéines chez les patients atteints. Un produit final de glycation avancé (AGE) semble être un événement pathologique qui peut déclencher la réticulation des molécules de collagène entre elles et conduire à la formation de plaques. La formation de plaque commence dans les parois des artères et bloque lentement les flux sanguins dans les artères, provoquant ainsi une crise cardiaque et un accident vasculaire cérébral.
L’hypolipidémie :
L’hypolipidémie est une diminution des lipoprotéines plasmatiques, généralement définie comme un cholestérol total (TC) inférieur à 120 mg / dL ou un cholestérol à lipoprotéines de basse densité (LDLC) inférieur à 50 mg / dL. L’AP présente des propriétés hypolipidémiques de dérégulation de l’activité de la lipase intestinale, d’augmentation de la production de cholestérol fécal et d’abaissement du taux de cholestérol. Cela peut à son tour réduire les risques de développer des maladies cardiovasculaires et d’autres maladies apparentées.
Il a été montré qu’une supplémentation en AP de 1 % et de 1.5% chez les souris diabétiques réduit le profil lipidique sérique et hépatique. Dans une autre étude, des chercheurs ont étudié l’efficacité de l’AP (0.02-10 %) sur le profil lipidique hépatique et sérique de rats albinos nourris avec une alimentation riche en saccharose. Leurs résultats ont révélé qu’une supplémentation avec aussi peu que 0.02 % d’AP abaissait le cholestérol total hépatique (TC), le triacylglycérol (TG), tandis que les phospholipides hépatiques n’était pas affecté.
A savoir : Cela pourrait éventuellement signifier que la quantité d’AP nécessaire pour abaisser le taux de lipides hépatiques peut être 10 fois inférieure à la quantité capable de réduire l’absorption et la biodisponibilité des minéraux.
Il semblerait que l’inhibition de la b-Hydroxylb-méthylglutaryl-CoA réductase (HMG-CoAreductase) soit le mécanisme le plus probable expliquant comment agit l’AP. De plus, l’augmentation de la production de lipides fécaux par l’AP peut partiellement expliquer son efficacité de réduction du cholestérol. Le cholestérol est le précurseur de la synthèse des acides biliaires, événement métabolique qui implique une série de réactions catalysées par des enzymes. Il est probable que la présence d’AP peut exprimer la 7-ahydroxylase qui une enzyme limitant le taux dans la synthèse des acides biliaires.
Les propriétés anticancer :
Le cancer est un problème de santé publique majeur dans le monde. Les régimes alimentaires malsains contribuent fortement au développement du cancer, et cela pourrait être la raison pour laquelle certains cancers, en particulier le cancer colorectal, sont sensibles aux interventions alimentaires. Jusqu’à ce jour, il est difficile de fournir une sécurité absolue contre le cancer. Ainsi, l’approche la plus simple peut-être des mesures préventives utilisant un agent diététique tel que l’AP, constituant d’un régime naturel. L’avantage de l’AP par rapport aux médicaments anticancéreux est qu’il présente une cible spécifique pour les cellules cancéreuses, laissant les cellules normales inchangées.
Des chercheurs ont examiné les effets cytotoxiques du complexe PA-Nickel sur les leucémies aiguës humaines Jurkat Tcells et ont observé que l’AP diminue remarquablement la viabilité des cellules Jurkat, laissant les lymphocytes normaux inchangés. De plus, le complexe PA-Nickel de concentrations beaucoup plus faibles (0.05 mM et 0.30 mM) potentialise de manière significative les effets cytotoxiques sur les cellules cancéreuses. Le complexe PA-Nickel pourrait être un adjuvant potentiel dans le traitement du cancer. Contrairement à l’AP, la plupart des médicaments anticancéreux ne présentent pas de cible spécifique pour les cellules cancéreuses, car ils pourraient éventuellement affecter à la fois les cellules cancéreuses et les cellules normales, ce qui fait de l’AP une meilleure option thérapeutique pour prévenir l’initiation et la progression du cancer. Étant donné que la plupart des médicaments contre le cancer sont synthétiques, une étude suggère que les produits naturels tels que l’AP peuvent être plus adaptés à la chimioprévention des cancérogènes que le formateur, car leurs actions sont plus douces. Les métabolites déphosphorylés (IP4 et IP5) de l’AP ont également une efficacité anticancéreuse, et sont plus susceptibles d’induire l’apoptose que l’AP. Il a été montré, lors de recherches, que le traitement des cellules HeLa avec IP4 et IP5, a permis la découvrir que les métabolites inférieurs de l’AP sont plus actifs pour induire l’apoptose.
Les propriétés anticancer de l’AP ont été mises évidence sur :
- Le cancer colorectal
- Le cancer de la prostate
- L’hépatocarcinome
- Le rhabdomyosarcome
- Le cancer de la peau
- Le cancer du sein
Les propriétés antimicrobienne :
L’émergence d’une résistance aux antibiotiques chez les bactéries est considérée comme une menace importante pour la santé publique et nécessite des efforts concrets pour y faire face. L’utilisation fréquente d’antibiotiques à large spectre pour le traitement des infections bactériennes a conduit à l’émergence d’une résistance aux antibiotiques parmi les bactéries. De plus, l’utilisation fréquente de médicaments antimicrobiens synthétiques peut avoir des effets sur l’homme par rapport à ceux provenant de sources organiques. Cela a augmenté la nécessité d’explorer des ingrédients actifs à partir de sources naturelles qui sont plus sûres, capables d’inhiber et d’oblitérer la croissance de micro-organismes menaçant le pronostic vital.
L’efficacité antimicrobienne de l’AP a été étudiée comme en témoigne certaines études. Par exemple, l’effet antimicrobien de l’AP a été évalué sur la bactérie Enterococcus faecalis, et il pourrait inhiber le métabolisme bactérien. Par ailleurs, l’efficacité antimicrobienne de l’AP seul a été comparé à celle de l’AP en combinaison avec d’autres irrigants. Les résultats ont montré une inhibition significativement plus importante du métabolisme bactérien pour l’AP seul.
A savoir : Cependant, l’efficacité antimicrobienne de l’AP avec d’autres irrigants comme un mélange de NaClO, CHX et EDTA a donné une zone d’inhibition significativement plus élevée par rapport aux irrigants individuels.
Des chercheurs ont développé une composition antimicrobienne utilisant de l’AP capable de désinfecter et de contrôler efficacement les bactéries telles que les Escherichia coli entéro-hémorragiques résistantes aux acides. Leurs résultats ont montré que l’AP présentait des effets bactéricides significativement plus forts contre les E. coli résistants aux acides, par rapport à d’autres acides organiques de concentrations de travail équivalentes. De plus, l’AP associé à du NaCl a montré des effets antibactériens synergiques. Le pouvoir inhibiteur de l’AP a aussi été testé en combinaison avec de l’extrait de graines de méthanol de Syzygium cumini et de chlorure de sodium sur Bacillus subtilis. D’après leurs résultats, la combinaison d’AP avec l’extrait de graines de méthanol de Syzygium cumini avec du chlorure de sodium avait un plus grand pouvoir inhibiteur du métabolisme bactérien. Cela suggère que l’on peut concevoir des thérapies antibactériennes puissantes à base d’AP.
Généralement, le mécanisme par lequel les acides organiques exercent leur activité antimicrobienne s’explique par la théorie des acides faibles. Autrement dit, seules les formes non dissociées de l’acide peuvent pénétrer dans le cytoplasme, où elles inactivent les bactéries en se dissociant progressivement en ions chargés qui perturbent l’homéostasie du pH cytoplasmique. Contrairement à d’autres acides organiques, le mécanisme sous-jacent aux propriétés antimicrobiennes de l’AP peut être très différent. En effet, l’AP possède une structure unique (12 protons remplaçables sur six groupes réactifs de phosphate liés à un cycle cyclique à six carbones) et une large gamme d’acidité. Cependant, ni son activité bactéricide ni son mode d’action n’ont été examinés en détail. De ce qui précède, il est évident que l’AP n’a pas été largement étudiée en tant qu’agent antimicrobien naturel. De plus, malgré le potentiel de l’AP en tant qu’agent antimicrobien naturel, il y a eu des cas de développement presque non avancés sur des agents antimicrobiens ayant de l’AP en tant qu’ingrédient actif ou partie des ingrédients actifs.
L’acide phytique et virus de l’immunodéficience humaine (VIH) :
Bien que l’infection au VIH ne se soigne pas, la prise d’un traitement antirétroviral (TAR), utilisé depuis 1997 a conduit à la lutte contre le VIH et le syndrome immunodéficitaire acquis (SIDA). En 2015, environ 36.7 millions de personnes vivaient avec le VIH et 1.1 million de personnes sont mortes du SIDA. La plupart des médicaments anti-VIH agissent en bloquant les étapes clés du cycle de réplication virale, ce qui les rend efficaces contre les virus à réplication active, mais ont peu d’effet sur le VIH-1 latent en ce qu’il reste dans les réservoirs cellulaires de tout le corps. Généralement, le VIH identifie et pénètre dans les lymphocytes CD4þT. Le virus se multiplie à l’intérieur des cellules infectées pour libérer un grand nombre de virions qui, à leur tour, se propagent à d’autres lymphocytes CD4þT. Réduire la libération de nouveaux virions aiderait à gérer la population de virus et à réduire le problème d’élimination du virus du corps. Par conséquent, la synthèse d’une petite molécule qui entraverait le bourgeonnement du virus de la progéniture, avec l’idée de transformer une cellule infectée par le VIH en une « cellule de prison » à partir de laquelle le virus ne peut pas s’échapper pourrait contrôler le virus. La cellule hôte finira par mourir sans libérer le virus « prisonnier ». Par conséquent, si tous les virus réservoirs sont enfermés dans la prison de la cellule hôte, et ces cellules aposées, la mort de toutes ces cellules hôtes infectées marquerait l’éradication du VIH dans le corps.
Des chercheurs ont étudié l’effet antiviral in vitro de l’AP sur le VIH. Ils ont rapporté que dans les cellules MT-4, l’AP inhibait complètement l’effet cytopathique du VIH et l’expression de l’antigène spécifique du VIH à une concentration de 1.67 mg / ml. De plus, l’AP a inhibé la réplication du VIH-1 dans une lignée Tcell, ainsi que celle d’une souche fraîchement isolée dans les cellules mononucléaires du sang périphérique. La protéine virale, Pr55Gag, assure la médiation du bourgeonnement du virion VIH-1. Originalement, le Pr55Gag migre du cytoplasme vers la membrane plasmique et se lie à un phospholipide spécifique d’inositol (PIP2) dans la membrane.
Il a été découvert que l’AP avait une affinité de liaison avec le domaine antigène matriciel N-terminal de Pr55Gag par rapport au dérivé PIP2 moins phosphorylé. Cette activité a été jugée suffisante pour antagoniser le PIP2 et pour supprimer la localisation membranaire de Pr55Gag et la libération subséquente du virus, induisant l’apoptose de la cellule hôte. Bien que les mécanismes d’action de l’IP6 restent flous, on peut supposer qu’il agit sur le VIH-1 à un stade de réplication précoce. Des études sur cet agent anti-VIH pourraient probablement fournir une base pour la production ultérieure de médicaments plus efficaces pour le traitement du SIDA.
8. La toxicité de l’acide phytique
Les informations concernant la toxicité associée à l’AP sont rares. En tant que tel, l’AP peut être sans danger et exempt de tout effet toxique. Une étude a confirmé qu’aucun effet comportemental, neurologique et autonome macroscopique n’a été observé chez des souris administrées par voie intraperitoneale jusqu’à 200 mg / kg. Au contraire, il a même été observé une augmentation des activités de la phosphatase alcaline sérique (ALP) et de l’alanine aminotransférase (ALT) chez des rats diabétiques induits par la streptozotocine. Cependant, l’augmentation a été attribuée à la co-supplémentation d’AP avec la streptozotocine, et peut ne pas être dû uniquement à l’AP seul.
9. Conclusion
L’acide phytique est une molécule importante présente dans presque toutes les plantes. Les humains et les animaux dépendent des aliments d’origine végétale pour leurs besoins métaboliques. Cependant, sa présence dans les aliments peut perturber la biodisponibilité minérale, bien que la perturbation dépende d’un facteur clé, à savoir le rapport AP / minéraux. La perturbation de la biodisponibilité des minéraux devrait être une préoccupation majeure pour ceux qui consomment de façon répétée un type particulier d’aliments riches en AP et pauvres en micronutriments. Cependant, dans le cas d’une alimentation riche en nutriments ou avec une supplémentation, il sera difficile pour l’AP d’exercer ses attributs anti-nutritionnels. Compte tenu de son effet sur l’absorption du fer, la « déphytinisation » a été recommandée comme stratégie majeure pour améliorer le statut en fer pendant la période de sevrage. Jusqu’à présent, aucune étude n’a impliqué l’AP alimentaire dans la carence en nutriments, à l’exception de la supplémentation exogène.
Même si l’on consomme des aliments dépourvus d’AP par crainte d’une carence en minéraux, sa synthèse endogène (dans une moindre mesure) ne peut pas être éludée, car presque toutes les cellules contiennent de l’AP, où il remplit une fonction cellulaire telle que la régulation de la fonction cellulaire, la croissance cellulaire et la différenciation Il est intéressant de noter que le rôle anti-nutritionnel de l’AP est également responsable de certains bienfaits pour la santé. Ainsi, la peur de consommer de l’AP peut être mauvais pour le maintien de l’intégrité de la santé, notamment par l’altération la fonction cellulaire.
BIBLIOGRAPHIE
Abdulwaliyu I, Arekemase SO, Adudu JA, Batari ML, Egbule MN, Okoduwa SIR. Investigation of the medicinal significance of phytic acid as an indispensable anti-nutrient in diseases. Clinical Nutrition Experimental. Volume 28, December 2019, Pages 42-61.