La dyskinésie scapulaire se définit par une altération de la position ou du mouvement physiologique de la scapula lors d’un mouvement couplé des articulations scapulo-humérale et scapulo- thoracique. Elle résulte de l’inhibition ou de la désorganisation motrice des muscles fixateurs de la scapula.

1. Petit Rappel sur les mouvements de la scapula et la mesure des dyskinésies scapulaires

Je vais profiter de cet article pour vous faire quelques rappels sur les mouvements de la scapula.

La scapula peut faire des mouvements de rotations :

A : bascules antérieure / postérieure

B : sonnettes médiale / latérale

C : sagittalisation / frontalisation

Et de glissements :

D : élévation / abaissement

E : abduction / adduction

J’en profite aussi pour vous donner la traduction des termes dans le cas où vous feriez des recherches sur le sujet.

Pour mettre en évidence une dyskinésie scapulaire de manière fiable et valide vous pouvez utiliser le test de dyskinésie scapulaire (scapular dyskinésie test ou SDT).

2. Le lien entre les dyskinésies scapulaires et la douleur [1]

D’après une étude de 2017, il n’existe pas de lien entre les dyskinésies scapulaires et la douleur, que ce soit dans un sens ou dans l’autre. C’est à dire que les dyskinésies ne sont pas à l’origine de douleur et que les douleurs ne provoquent pas de dyskinésies.

De plus, une autre donnée intéressante sort de cette étude, car d’après elle, et il y a autant de dyskinésies dans la population douloureuse que dans la population non douloureuse.

Cette étude présente certaines limites :

  • Il n’y a pas eu de vérification de la pathologie d’épaule des particpant lors de leur arrivée dans l’étude.
  • Les participants avaient des douleurs et une impotence fonctionelle faible. On ne peut donc pas appliquer ces résultats à une population très douloureuse avec une impotence fonctionnelle élevée.

A savoir : Quand vous évaluez un patient et que vous savez de quel côté est sa douleur d’épaule, vous trouverez plus souvent une dyskinéesis scapulaire de ce côté. C’est une notion à prendre en compte lors de votre bilan.

On comprend donc que se concentrer uniquement sur la présence d’une dyskinésie chez les patients souffrant de douleurs à l’épaule n’est pas suffisant lors d’une évaluation clinique, car la dyskinésie scapulaire peut représenter une variabilité normale des mouvements.

3. Les dyskinésies scapulaires chez les sportifs d’armer [2]

Chez les sportifs d’armer / de lancer, une étude à conclu que la présence d’une dyskinésie scapulaire chez les athlètes overhead asymptomatiques semble augmenter de 43 % le risque de développer une douleur à l’épaule.

Cette étude nous apprends aussi, que selon les auteurs, cette dyskinésie semble être une cause de la douleur plutôt qu’une conséquence.

Les auteurs reviennent ici encore, sur le fait que la mesure isolée de la dyskinésie scapulaire n’a qu’une utilité minime lors d’un bilan, mais peut être utile dans le cadre d’une batterie de tests incluant d’autres facteurs de risque connus.

4. Les dyskinésies scapulaires chez les sportifs d’armer, un lien pas si simple [3,4]

Scapular Dyskinesis Is Not an Isolated Risk Factor for Shoulder Injury in Athletes: A Systematic Review and Meta-analysis

Une critique de l’étude précédente a été faite par une autre étude, nous montrant que le lien mis en évidence dans cette étude n’est pas si simple.

Cette critique se base sur quelques points intéressant :

  • Des données contradictoires ont été prises pour réaliser l’étude en question.
  • L’étude rapporte que 65 % des personnes atteintes de dyskinésie scapulaire n’ont pas développé de douleur à l’épaule,
  • Alors que 25 % des personnes sans dyskinésie scapulaire en ont développé.
  • L’intérêt d’être conscient du risque ou de la dyskinésie peut-être sujet à débat, car dans certaines situations, cette prise de conscience peut entraîner une augmentation du risque.
  • Il existe une amélioration de la douleur et de la fonction par les patients lors d’un travail pour améliorer la dyskinésie, mais pas en corrélation avec l’amélioration de la cinématique de la scapula. En effet, il y a pas ou peu de changement lors d’une rééducation de dyskinésie scapulaire alors que les symptômes peuvent l’être. La dyskinésie n’est donc peut être pas un facteur de risque modifiable.
  • La « dyskinésie » scapulaire est une adaptation physiologique de l’individu pour optimiser sa fonction et sa performance.
  • Une méta-analyse de 2020, a montré un risque accru de 7 % (pas statistiquement significatif) et non 43 % chez ce type d’athlète. Au passage, cette étude confirme une nouvelle fois que la mesure isolée de la dyskinésie scapulaire pour prévenir les blessures n’est pas suffisante. La différence entre ces 2 méta-analyses, est que la seconde n’a pas inclus dans ses études celles qui utilisaient des tests statiques de la mesure de la dyskinésie scapulaire.

5. Conclusion

Que vous utilisiez des tests afin de mettre en évidence des dyskinésies scapulaires, dans votre pratique clinique avec sportifs d’armer, d’autres types de sportif ou des non sportifs, vous savez maintenant que ces tests sont insuffisants s’ils sont utilisés seuls. De plus, réutiliser ces tests afin de voir si la dyskinésie a disparu, n’est peut être pas pertinent car ce n’est peut être pas un facteur modifiable. Il semble donc plus pertinent de se concentrer sur la modification des symptômes comme la diminution de la douleur, l’amélioration de la fonction…

Vidéos Youtube :

BIBLIOGRAPHIE

[1] Plummer, Hillary A., et al. “Observational Scapular Dyskinesis: Known-Groups Validity in Patients With and Without Shoulder Pain.” Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy, vol. 47, no. 8, 2017, pp. 530–537.

[2] Hickey D, Solvig V, Cavalheri V, Harrold M, Mckenna L. Scapular dyskinesis increases the risk of future shoulder pain by 43% in asymptomatic athletes: a systematic review and meta-analysis. Br J Sports Med. 2018 Jan;52(2):102-110.

[3] Littlewood C, Cools AMJ. Scapular dyskinesis and shoulder pain: the devil is in the detail. Br J Sports Med. 2018 Jan;52(2):72-73.

[4] Hogan CCorbett JOAshton SPerraton L, Frame RDakic J. Scapular Dyskinesis Is Not an Isolated Risk Factor for Shoulder Injury in Athletes: A Systematic Review and Meta-analysis. Meta-Analysis. Am J Sports Med. 2021 Aug;49(10):2843-2853.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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